Galeries du Diamant

Diamants au fil du temps

Diamond-origins2-by-Harman-Wardani
 

3 milliards d’années av. J-C : Apparition du diamant

Le diamant est l’une des plus vieilles matières sur Terre : 1 à 3,5 milliards d’années. Notons que la Terre n’est âgée "que" de 4,5 milliards d’années.

100 millions d’années av. J-C: Explosions de la kimberlite

Les diamants se sont formés dans les entrailles de la terre, à des températures et pressions extrêmes. C’est par un heureux hasard, à savoir des éruptions volcaniques dues à la dérive des continents, qu’ils se sont rapprochés de la surface. Comme le diamant se dissout dans le magma, il devait être emprisonné dans un fragment de kimberlite pour avoir une chance de remonter intact.

Arthasastra-by-Kautiliya---Indian-prince-

800 av. J-C: Découverte des premiers diamants en Inde

La première référence aux diamants émane d’un manuscrit sanscrit, "La Leçon de Profit" (Arthasastra) par Kautiliya, datant de 320 à 296 avant JC.

"(Un diamant qui est) gros, lourd, capable de porter des coups, avec des points symétriques, capable de gratter (de l'intérieur) un (verre) récipient (rempli d'eau), tournant comme une broche et dont le brillant est excellent. Ce (diamant) avec des points perdus, sans bords et défectueux sur un côté est mauvais."

Les premiers diamants découverts en Inde se trouvaient dans les rivières et leurs alentours. À l’époque, on ne les taillait pas, de peur qu’ils ne perdent leurs pouvoirs magiques. Seul le polissage était autorisé. Les plus gros diamants devenaient automatiquement la propriété du souverain.

Les diamants étaient un matériau précieux. Des perles marquées par des foreuses à diamants datant du 4e siècle avant notre ère ont été trouvées dans des sites antiques au Yémen. À l'époque, le nom sanscrit pour diamant était Vajra (foudre) ou Indrayudha (l'arme d'Indra).

L'Inde a été le seul producteur et exportateur de diamants jusqu'en 1725.

La MéditerranéeIl est difficile de retracer l'histoire du diamant dans les écrits en raison des nombreux noms qu'il a portés. L'élève de Platon, Théophraste, de 372 à 322 avant JC, rapproche dans son traité “De lapidibus” (“Sur les pierres”) le mot Adamas de l'émeri, une roche contenant le corindon, le minéral le plus dur après le diamant. Pline l'Ancien écrivait dans son encyclopédie "Historia naturalis", de 77 à 79 de notre ère:

La substance qui possède la plus grande valeur, non seulement parmi les pierres précieuses, mais de toutes les possessions de l'homme, est Adamas, un minéral qui pendant longtemps a été connu seulement des rois et encore, de très peu d'entre eux

“Ces particules sont tenues en haute estime par les graveurs, qui les enchâssent dans le fer, leur permettant ainsi, avec la plus grande facilité, de couper les substances les plus dures connues.

1300: Les premières routes du commerce du diamant vers l'Europe

Les diamants commencent à apparaître dans les bijoux européens entre les 13ème et 14ème siècles. La première capitale de négoce de diamants européenne fût Venise, où les premières tentatives pour polir les surfaces naturelles et gommer les défauts du diamant datent de peu après 1330. À la fin du 14ème siècle, la route du commerce du diamant a continué vers Paris et Bruges, avant d’arriver à Anvers, depuis lors capitale mondiale du diamant. Lorsque Vasco de Gama découvre la route maritime de l'Orient par le Cap de Bonne-Espérance en 1499, il donne l'occasion aux Européens d’atteindre l'Inde directement et ainsi d'éviter les pirates. Goa devint le centre du commerce portugais, et une route du diamant fut développée depuis cette ville jusqu’à Anvers via Lisbonne, permettant ainsi une importation annuelle de 1 000 à 2 000 carats jusqu'en 1725.

Old Venice - A detail from the Merian map of 1635

15e siècle : l’émergence d’AnversLe document le plus ancien attestant de la pratique du commerce du diamant à Anvers remonte à 1447. 1475 nous apporte la première roue de polissage de diamants avec un mélange d'huile d'olive et de poussière de diamant : la Scaif, inventée par Lodewyk van Berken. Avec elle vient le concept de symétrie absolue dans le positionnement des facettes. En 1565 Benvenuto Cellini décrira pour la première fois cet équipement de taille du diamant.

Les diamants ont d’abord été l’apanage des souverains de sexe masculin. Les notables, toujours au masculin, leur ont ensuite emboîté le pas. Le grand peintre baroque Rubens, par exemple, en possédait plusieurs et les portait régulièrement. Ce n’est que beaucoup plus tard, à partir du 15ème siècle, que les femmes ont commencé à porter des diamants. La pionnière fut Agnès Sorel, la maîtresse du roi Charles VII, qui reçut un diamant en cadeau de son amant.

La première bague de fiançailles avec un diamant, donné comme symbole de l’amour éternel, est offerte à Marie de Bourgogne par Maximilien d'Autriche. Le monde entier suit alors la tendance.

En 1448 le (présumé) premier tailleur du diamant anversois fait son apparition dans les registres. “Wouter Pauwels – diamantslyper” (tailleur de diamants) Voilà ce que l’on peut lire dans les archives de la confrérie de Notre-Dame d'Anvers. Wouter n’est probablement pas le pionnier diamantaire d’Anvers, mais il est le premier dont nous connaissons le nom.

The rise of Antwerp - Marriage_of_Mary_of_Burgundy_and_Maximilian_of_Austria

16ème siècle : Le siècle d’orAu 16ème siècle, peu de villes connaissent l’essor d’Anvers. 40% du commerce mondial transite par la ville. Anvers est alors le centre de commerce le plus important d’Europe. Le secteur du diamant y occupe un rôle central, qu’il conserve jusqu’aujourd’hui. Anvers reste à ce jour le centre névralgique du commerce du diamant dans le monde.

17ème siècle : Jean-Baptiste Tavernier

L’intrépide courtier français Jean-Baptiste Tavernier est le premier Européen à obtenir le droit de visite des gisements de diamants indiens. Dans "Les six voyages de Jean-Baptiste Tavernier" il décrit les mines près de Golconde, célèbres pour leurs pierres précieuses. Il donne à voir les plus gros diamants et évoque histoires et mythes au sujet de diamants célèbres. La plus célèbre découverte de Tavernier reste un étonnant diamant bleu, connu aujourd'hui comme le Blue Hope. De ses voyages, il a également ramené 20 énormes diamants qu’il a vendus, entre autres, au roi Louis XIV à Versailles. Le "Tavernierkaai" sur rivière l'Escaut lui doit son nom.

Les-six-voyages-de-Jean-Baptiste-Tavernier
Les-six-voyages-de-Jean-Baptiste-Tavernier-2

Une nouvelle ère pour le commerce du diamant : le Brésil, l'Afrique et la Russie

En 1725, on découvre des gisements au Brésil, et la production augmente considérablement. Les importations annuelles à Lisbonne passent de 1000 à 200 000 carats. Ces volumes restent à peu près les mêmes jusqu'en 1867, date à laquelle sont découverts de nouveaux gisements en Afrique du Sud, dans le Kimberley. La production de diamants bruts augmente depuis constamment : 1,8 millions de carats en 1877, 3 millions de carats en 1892, puis 6 millions de carats en 1913. En 1949, des gisements russes sont découverts en Sibérie, ajoutant 15 millions de carats à la production mondiale.

Johannes-Nicolaas-De-Beer

19ème siècle : Mine de diamants De Beers

C’est l’histoire de 2 simples fermiers dont tout le monde connaît le nom. Johannes Nicolaas et Diederik Arnoldus De Beers. Lorsqu’en 1865, les deux frères achètent la ferme "Vooruitzicht" en Afrique du Sud, ils sont loin de se douter que quelques années plus tard, un diamant y serait découvert. Les faits se produisent en 1871 et le diamant brut ne fait pas moins de 83,5 carats. Les frères revendent leur terrain pour 6,8 millions de livres britanniques. Une somme rondelette, mais c'est pour l'équivalent de dizaines de millions de livres que des diamants sont ensuite extraits de la mine De Beers, commencée dans leur cour.

Cullinan at Kimberley Mine

1905: Le plus gros diamant de l’histoire

À sa découverte, le diamant "Cullinan" possède une masse de 3 106 carats (600 grammes). Il est ainsi nommé d’après le propriétaire de la mine d’où il est extrait. Le Cullinan est partagé en 9 pierres taillées : Cullinan I à IX . Les 9 pierres ont été offertes à la famille royale britannique.

Diamond elements diagram Tolkowski

1919: L’Anversois Tolkowsky optimise la taille et la brillance

Au moins 90 % des diamants incolores possèdent une coupe "taille brillant". Cette coupe à 57 facettes est développée par l’Anversois Marcel Tolkowsky. Elle témoigne d’un vrai savoir-faire anversois.

1944: La reprise

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les diamantaires juifs qui n’ont pas réussi à fuir à temps sont déportés dans des camps de concentration. Sur les 1645 membres que comptait la Bourse du Diamant, il n’en reste alors plus que 355 après la guerre. C’est pour cette raison que, chaque année, la Shoah est commémorée avec une minute de silence.

1944: Fondation du Diamond Office

Les gouvernements belge et britannique fondent le "Diamond Office" et encouragent les diamantaires juifs à rentrer rapidement à Anvers après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

1960: Capitale du commerce et de la taille de diamant

Jusqu'au début des années 1970, la plupart des diamants bruts achetés à Anvers y étaient également taillés. Une partie de la taille a depuis lors été délocalisée dans des pays dont les coûts de production sont moins élevés. Les pierres de grandes tailles ou difficiles à tailler restent généralement à Anvers.

2002: Non aux diamants de conflits

2002 voit l’introduction du certificat de Kimberley qui permet de lutter contre le financement de diamants de conflits via le commerce illégitime. Le certificat de Kimberley est implémenté en 2003.

2014: Année record pour le secteur du diamant anversois

En 2014, le commerce de diamants à Anvers enregistre un nouveau record. Plus de 227 millions de carats de pierres brutes et polies y sont échangés, totalisant un chiffre d’affaire de 58 milliards de dollars.

Aujourd’hui

Quatre défis majeurs se présentent aux producteurs de diamants : la reconstitution des réserves, les défis environnementaux, une conscience sociale accrue et la pression croissante des coûts d'exploitation.

La reconstitution des réserves

Il y a encore quelques grands gisements de diamants sous-exploités, et aucune grande découverte n’a été faite au cours des deux dernières décennies. En conséquence, le coût de recherche de nouveaux gisements économiquement viables est en hausse.

Les défis environnementaux

La sensibilisation du public aux questions environnementales a eu des répercussions directes sur le secteur minier. Les producteurs sont sous pression et doivent utiliser efficacement l'énergie et réduire les émissions. Ils doivent également se concentrer sur la gestion des déchets, augmenter le recyclage et contrôler la consommation d'eau, tâche compliquée par le fait que les sites de production les plus importants sont situés dans des zones souffrant de pénurie d'eau. De plus, l'impact de l'exploitation minière sur la biodiversité et les écosystèmes en général est problématique.

La conscience sociale
Les producteurs accordent une attention croissante aux communautés locales dans les zones de production, ce qui impacte directement et indirectement la production. Des programmes d'enrichissement sont destinés à soutenir le développement économique et à stimuler l'emploi dans les pays producteurs de diamants, notamment par la mise en place de taille et de polissage au niveau local. Ce type d’entreprise est initié en Afrique au cours de ces dernières années. Des négociations sont en cours pour développer l’industrie de la taille et du polissage en Russie sous la direction d’ALROSA. Les impacts indirects sont perceptibles dans l'implication des producteurs au sein des communautés locales en dehors de leurs activités minières de base. Cette implication prend le plus souvent la forme de financements ou de développements de l'infrastructure sociale des zones minières.

La pression croissante des coûts d'exploitation

Comme l’ensemble de l'industrie minière, les producteurs de diamants sont confrontés à la hausse des coûts du travail et de l'énergie, ainsi qu’a des coûts d'exploitation plus élevés.

Face à ces défis croissants qui ne sont pas l’apanage de l'industrie du diamant, mais qui sont assez représentatif de l'ensemble du secteur minier, les producteurs doivent faire face à d'importants investissements dans les nouvelles technologies et l'efficacité opérationnelle pour soutenir l'industrie de l'extraction de diamants à moyen et long terme.(Global diamond Report 2014)

The-geology-of-mining3-By-Andrew-Collins